Le Théâtre des Merveilles

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Titre original : El noi del Maravillas

Vie et mort d’un théâtre, crime passionnel, amours interdits, feu sacré de la vocation, portrait saisissant des années de guerre civile et de la dictature, Lluís Llach met merveilleusement en scène, dans ce troisième roman, les deux amours de sa vie : la liberté et la musique.

La gloire n’a pas fait oublier ses origines populaires à Roger Ventos. Devenu un baryton de renommée internationale, ce personnage de fiction se souvient, à 77 ans, de son parcours exceptionnel et le retrace dans un livre autobiographique, à la demande d’un éditeur français. C’est l’ascension vertigineuse et néanmoins sereine de cet artiste – né à Sète en 1939, d’une mère espagnole exilée en France – que décrit le ­romancier catalan Lluis Llach dans son troisième roman, Le Théâtre des merveilles.

Ce théâtre, précisément, le ­Maravillas, constitue bien plus qu’un décor : il sert de cadre (dans tous les sens du terme) à l’histoire de Roger Ventos et à celle du roman. Situé sur l’avenue Parallel de Barcelone, le « Broadway » de la capitale catalane, ce cabaret imaginaire a accueilli dans sa jeunesse la mère de Roger, Mireia, et Lluis, le frère de celle-ci, à la mort de leur père. Mireia, qui se rêvait danseuse mais n’avait pas le physique de l’emploi, est devenue chef machiniste du lieu avant d’en prendre la direction pendant la guerre d’Espagne. Affiliée à la CNT, syndicat anarchiste, elle a dû fuir de l’autre côté des Pyrénées après la victoire franquiste. C’est là que Roger va naître et s’initier à la musique. Et c’est au Maravillas, où sa mère, malade, le renverra auprès de son oncle, qu’il développera son talent. Jusqu’à tutoyer les sommets.

Une communauté soudée

Ce récit sensible d’une enfance et d’une adolescence singulières explore avec finesse l’éveil au piano puis à l’art lyrique d’un jeune homme que rien ne prédestinait à cela. Lluis Llach, qui fut un chanteur et compositeur renommé dans les années 1960 en Espagne avant de prendre la plume, s’attarde autant sur les ­efforts fournis par le garçon que sur l’environnement qui permet à ses aptitudes de se déployer.

Actes Sud – 15/05/2019 – Traduit du catalan par Serge Mestre