L’estaca


  • L’avi Siset em parlava
    de bon matí al portal
    mentre el sol esperàvem
    i els carros vèiem passar.

    Siset, que no veus l’estaca
    on estem tots lligats?
    Si no podem desfer-nos-en
    mai no podrem caminar!

    Si estirem tots, ella caurà
    i molt de temps no pot durar,
    segur que tomba, tomba, tomba
    ben corcada deu ser ja.

    Si jo l’estiro fort per aquí
    i tu l’estires fort per allà,
    segur que tomba, tomba, tomba,
    i ens podrem alliberar.

    Però, Siset, fa molt temps ja,
    les mans se’m van escorxant,
    i quan la força se me’n va
    ella és més ampla i més gran.

    Ben cert sé que està podrida
    però és que, Siset, pesa tant,
    que a cops la força m’oblida.
    Torna’m a dir el teu cant:

    L’avi Siset ja no diu res,
    mal vent que se l’emportà,
    ell qui sap cap a quin indret
    i jo a sota el portal.

    I mentre passen els nous vailets
    estiro el coll per cantar
    el darrer cant d’en Siset,
    el darrer que em va ensenyar.

  • L’estaca (Le pieu)

    Le grand-père Siset me parlait ainsi
    Tôt le matin au portail
    tandis qu’attendant le soleil,
    nous regardions passer les charettes
    Siset, ne voit tu pas le pieu
    On nous sommes tous attachés,
    Si nous ne nous détachons pas
    Jamais nous ne pourrons nous libérer…
    Si nous tirons tous il tombera
    Et il ne peut plus tenir trés longtemps
    Sûr qu’il tombera , tombera, tombera,
    Bien vermoulu comme il doît être déjà.

    Si je tire fort de mon côté,
    Et que tu tires fort du tien,
    Sûr qu’il tombera, tombera, tombera,
    Et nous pourrons nous délivrer.
    Mais, Siset, il y a longtemps déjà
    que l’on s’ écorche les mains
    Et quand la force m’abandonne
    Il semble bien plus large et plus grand qu’avant.

    Certainement qu’il est tout pourri,
    Pourtant, Siset, il pèse tant!
    Et parfois la force me manque.
    Alors, chante moi encore ta chanson!
    Si je tire fort de mon côté,
    Et que tu tires fort du tien,
    Sûr qu’il tombera, tombera, tombera,
    Et nous pourrons nous délivrer.
    On n’entend plus le vieux Siset
    Un mauvais vent l’a emporté.
    Qui sait où il est passé?
    Et je reste seul au portail.
    Et quand passent des jeunes,
    Je tends le cou pour chanter
    Le dernier chant de Siset
    Le dernier qu’il m’ait appris.
    Si je tire fort de mon côté,
    Et que tu tires fort du tien,
    Sûr qu’il tombera, tombera, tombera,
    Et nous pourrons nous délivrer.

Paroles et musique Lluis Llach

« L’Estaca » devient rapidement l’hymne de
toutes les revendications catalanes (l’hymne
catalan étant Els Segadors).

En 1969, il grave son premier vrai album, « Les
seves primeres cançons », qui se vend à plus de
100 000 exemplaires.

L’année suivante il se produit à Madrid pour
une série de concerts prestigieux au Théâtre
Espagnol. Et là, les ennuis commencent. Sa
popularité naissante attire sur lui les foudres
du pouvoir. « Tous les textes interprétés en
public devaient être préalablement soumis à la
censure, raconte Louis Monich de Radio-France
Roussillon, qui assistait au spectacle. Cette
fois-là,  »L’estaca » a été interdite et Lluis Llach
au garde-à-vous devant le micro, l’a expliqué
au public pendant que son pianiste jouait le
refrain. Trois mille personnes ont alors entonné
 »L’estaca » alors que Llach restait muet pour se
conformer à l’interdiction. (sources Mondomix)

avi-siset

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L’avi Siset a vraiment existé !

Il s’agissait d’un barbier qui partageait des
après-midi de pêche avec un jeune Lluís Llach,
tout en lui donnnt des « leçons d’histoire, de
philosophie et vie ». Le petit-fils de Narcís Llansa
Tubau a romancé la vie du grand-père.