I si canto trist


  • Jo no estimo la por, ni la vull per a demà,
    no la vull per a avui, ni tampoc com a record;
    que m’agrada els somrís
    d’un infant vora el mar
    i els seus ulls com un ram d’il·lusions esclatant.

    I si canto trist
    és perquè no puc
    esborrar la por
    dels meus pobres ulls.

    Jo no estimo la mort
    ni el seu pas tan glaçat,
    no la vull per a avui, ni tampoc com a record;
    que m’agrada el batec d’aquell cor que, lluitant,
    dóna vida a la mort
    a què l’han condemnat.

    I si canto trist
    és perquè no puc
    oblidar la mort
    d’ignorats companys.

    Jo no estimo el meu cant, perquè sé que han callat
    tantes boques, tants clams, dient la veritat;
    que jo m’estimo el cant
    de la gent del carrer
    amb la força dels mots
    arrelats en la raó.

    I si canto trist
    és per recordar
    que no és així
    des de fa tants anys.

  • I si canto trist (Et si mon chant est triste)

    Je n’aime pas la peur, je n’en veux pas ni demain,
    ni aujourd’hui, ni même m’en souvenir
    mais j’aime le sourire d’un enfant près de la mer
    et ses yeux, bouquet éclatant d’illusions.

    Et si mon chant est triste
    c’est que je ne peux
    effacer la peur
    de mes pauvres yeux.

    Je n’aime pas la mort
    ni son pas glacé
    je ne la veux ni pour aujourd’hui,
    ni pour m’en souvenir
    mais j’aime le battement de ce coeur qui, en luttant,
    donne la vie à la mort à laquelle on l’avait condamné.

    Et si mon chant est triste
    c’est que je ne peux oublier
    la mort des camarades inconnus.

    Je n’aime pas mon chant
    parce que se sont tues
    tant de bouches, qui clamaient la vérité.
    Mais j’aime le chant
    des gens dans la rue
    avec la force des mots
    enracinés dans la raison.

    Et si mon chant est triste
    c’est pour rappeler
    qu’il n’en est pas ainsi
    depuis si longtemps…

    (Traduction : Montserrat Prudon)

    Autre traduction proposé par G.L. :

    Je déteste la peur qui nous ronge aujourd’hui
    je voudrais la bannir jusqu’à la fin des temps,
    que toi, l’enfant qui sourit
    en face de l’océan,
    puisses-tu ouvrir les yeux sur l’espoir infini…

    Si ma chanson pleure,
    c’est que je ne peux
    effacer la peur
    de mes pauvres yeux.

    Je déteste la mort et son pas lourd qui glace
    je voudrais la bannir du champ de nos menaces
    Que j’aime le son d’un coeur qui donne vie au temps
    mais qui suivant sa trace
    me condamne au néant.

    Si mon chant est triste,
    c’est que je n’ai pu
    effacer la liste
    des amis perdus.

    Je déteste mon chant qui a fait se lever
    tant de cris de révolte qu’ils ont assassinés
    Je préfère maintenant à la sombre vérité
    les mots simples des chansons
    remplies de raison.

    Si ma chanson pleure,
    c’est de devoir clamer
    que tous nos malheurs
    jamais n’ont existé.

Paroles et musique Lluis Llach

Lluis LLach

Lluis LLach